... s'emmerde.


Pas besoin d'aller chercher plus loin, c'est comme ça et il faut s'y faire, même si parfois ça fait vraiment chier. Et évidemment, on ne peut pas fuir éternellement cet ennui. Aujourd'hui, qui c'est qui s'y colle ? C'est Gabrieeeeel. Déjà qu'en général il n'a pas toujours l'air d'être d'une humeur sautillante, là, il n'avait vraiment aucune envie de rigoler. Après une journée à ne rien faire dans sa voiture de flic et vêtu de son horrible - selon lui il faudrait changer d'uniforme - tenue de flic, tout ce qu'il voulait faire, c'était se changer les idées et se détendre. Sauf que c'était pas gagner, car essayer de pas s'emmerder en étant tout seul, c'est pas tout les jours facile. AHEM. Notre " ami " ou peu importe comment vous l'appellé - du moment que ce n'est pas insultant, hein - n'a donc rien trouvé de mieux à faire que de se rendre au café de la ville, pas loin de son appartement. Ce n'est pas ce qui lui plait pas le plus, c'est clair, mais bon, vous savez, quand on a rien à faire, on est capable de tout pour tuer le temps.

Gabriel entra donc dans le café - ou peu trop convivial à son goût - le regard froid et neutre, enfin disons plutôt peu recommandable. Une main dans la poche l'autre tournant et retournant son gsm dans sa main, comme s'il attendait un appel qui le sauverait de son ennui. Arrivé au comptoir, il s'asseya, rangea son portable.

- Un thé à la menthe.

Le serveuse le fixa comme si elle attendait quelque chose, on ne bougeant pas d'un poil pour aller lui préparer sa commande. Ca avait le don de profondément l'agacer. Il leva les yeux au ciel en ajouta d'un ton froid et exaspéré :

- S'il-vous-plait, mademoiselle.
- Je vous apporte ça, monsieur.

Ouais, c'est ça. Apporte-moi ça et ferme-la, petite humaine insignifiante.
Le thé chaud ne tarda pas à arriver. Il se forca à dire merci, ne souhaitant pas devoir affronter une situation aussi ridicule identique à celle de deux minutes auparavant. Le flic toujours en tenue de ... flic, hélas, souffla sur la surface du liquide, avant d'y poser ses lèvres avec précautions que c'est sensuel. Il bu à petite gorgée, laissant libre court à ses pensées ambitieuses, ce qui ne satisfaisait pas son ennui pour autant. Et quand quelqu'un tira la chaise à côté de lui pour s'y installer, il tenta de ne pas lacher un soupir et leva ses yeux sombres pour savoir qui venait de rompre son emmerdement. Il ne comptait pas dire merci, cette fois, pas la peine d'avouer que lui, Gabriel le Bêta des Traqueurs était reconnaissant à cette personne de lui avoir sauver la vie. Façon de parler. Maintenant, restait à savoir si la personne en question était digne de sa compagnie, huhu.

Les cours venaient de se terminer et je marchais d'un pas déterminé dans les rues. J'avais encore le cours barbant de Mme Bellan, ma prof de socio, dans la tête. Sa voix nasillarde et ses petits "bien" & "vous comprenez" qu'elle lançais toutes les trois minutes avaient transformés ma tête en un énorme chaudron bouillant. Il faisait bon et j'en profitais pour marcher plutôt que de m'entassez sous-terre avec des dizaines d'autres personnes. J'utilisais le métro en dernier recours. Et le bus, très peu pour moi. L'odeur du car, me donnait envie de mettre le coeur sur le carreaux. Vomir si vous préférez.
Comme à l'accoutumée, les gens se retournaient sur mon passage, car, oui, je n'avais -et ne comptais pas- changer de style vestimentaire. Les new rock & les colliers à piques ne passaient toujours pas dans ce monde. J'esquissais un sourire voyant une petite vieille changer de trottoir.
Je retournais à l'appartement. A peine eu-je le temps d'ouvrir la porte qu'un petit bâtard sautillait devant moi. Recueillir les chiens perdus ou abandonnés était un acte que je ne pouvais m'empêcher d'accomplir mais ce n'était pas toujours de tout repos. Troquant ma veste en coton contre une en cuir, je déposais lourdement mon sac de cours sur le canapé du salon. Passant en vitesse dans la cuisine pour vérifier que Ludwig n'avait rien cassé, j'en profitais également pour vérifier si la chambre était toujours fermée. Tout était en ordre. Je caressais avec frénésie la tête du monstre, attachais la laisse à son collier -à pique bien entendu :3 -, récupérais mon sac & ressortis de la maison en prenant soin de fermer à clef derrière moi & Ludwig.

Bien. A présent je me dirigeais à l'opposé d'ici.
Je marchais d'un pas rapide, slalomant entre les rares personnes qui se trouvaient là. Je passais devant le parc et le conservatoire où la fenêtre ouverte d'une salle cours laissait filer quelques notes de musique. Ludwig, ce petit chiot turbulent, prenait plaisir à courir en rond, emmêlant ainsi la laisse, à chaque fois qu'une voiture passait près de nous. Il me regardait d'un air moqueur sachant pertinemment ce que j'en pensais.
Comme pratiquement tous les soirs, je me rendais au Café, un des rares où les animaux étaient autorisés. J'y restais pendant des heures, bossant mes cours ou bien simplement afin de me détendre un peu et sortir du cadre universitaire à l'instar de celui de mon appartement. C'était un lieu que j'appréciais pour sa chaleur humaine bien que les zones grouillant de monde ne m'attirait pas le moins du monde; mais celui là n'était pas particulièrement fréquenté et j'appréciais son ambiance sereine et calme.
Ludwig sur mes talons, je poussais la porte du café. Quelques regards se tournèrent vers moi et je cru même en déceler quelques uns d'inquiets. Je saluais d'un sourire la serveuse & tirais la chaise qui se trouvait à l'extrémité du bar, celle se trouvant contre le mur. Sortant de mon sac mes derniers cours de socio, je commandais un expresso.

C'était une jeune femme habillée en noir, avec du rouge à lèvre noir, des chaussures noires, des cheveux noirs, collier et bracelets à clous ... bref tout en noir quoi. A l'odeur, c'était une humaine. Ce qui n'était pas si mal, vu qu'au moins, ça signifiait qu'elle ne le connaissait pas. Il pouvait ainsi éviter le regard effrayé d'un chat, ou encore celui respectueux ou haineux d'un Traqueur. N'empêche que sur le moment, elle n'était pas le genre de personne qu'il aurait voulu à côté de lui. M'enfin, il fallait faire avec. Gabriel ne tarda pas de remarquer la présence d'un chien au pied de la gothique - non, ce n'était pas ça ? - un des seuls êtres vivants qu'il pouvait encore apprécier. Il se remit à boire à petites gorgées sa boisson chaude en ne prêtant pas attention à celle qui occupait la place contre le mur à côté de lui. Il reporta à nouveau son attention sur elle en l'entendant commander un expresso. Il détestait tout ce qui était en rapport avec le café, ça l'écoeurait, m'enfin bon, aucun rapport.

L'ennui recommencait à prendre place, après cette légère disctraction, sauf que lui, le flic, n'en avait nullement envie, alors il jeta un oeil aux feuilles qu'avait sortit la fille de son sac. Ceux-ci ranimèrent une petite lueur en lui, une lueur passée, de quand il voulait devenir avocat. De quand il faisait de brillantes études avant de ... rater minablement son examen. Maintenant, il était flic, pas du tout ce qu'il aurait voulu être. Il avait eu des cours de Socio Economie au début des études, pour le mettre dans le bain de tout ce qui est société, c'était un cours qu'il avait beaucoup apprécié.

« Socio Economie ? Vous faites quoi comme études ? »

Ouah, Gabriel cause de son plein gré à une parfaite inconnue. Exploit. Croyez-moi, engager ce genre de conversation était terriblement difficile pour lui, mais que voulez vous, certaines personnes seraient prêtes à n'importe quoi pour ne pas se faire chier. Dont lui, mais pas toujours, bien heureusement. Il n'arrivait pas - et ne voulait pas vraiment - rendre le ton de sa voix sympathique. Elle restait toujours autant froide, tout comme son regard sombre. La fille devrait faire avec, et si ça ne lui plaisait pas, elle n'avait qu'à se casser, c'était aussi simple que ça.

Il ressortit son gsm de sa poche. Pas de messages. Grumpf, tant pis. Ciup d'oeil à sa montre. Dix-huit heure moins dix. Ca va, il avait le temps avant de rentrer chez lui et plonger dans on lit dès qu'il ressentirait de la fatigue. L'homme releva les yeux vers la jeune femme, l'expression absolument neutre, quoi que un peu inquiétantte, comme d'habitude quoi.

J'étalais quelques feuilles sur le comptoir prenant soin de ne pas renverser mon café et surtout de ne pas empiéter sur l'espace de mon voisin. Lui jetant un bref coup d'oeil, je remarquais qu'il n'était pas spécialement heureux d'être là. Metro, boulot, dodo; si il suivait cette règle il était normal qu'il fasse cette tête. Il devait avoir la trentaine, dans ces eaux là. Un détail que toute personne aurait normalement remarqué au premier coup d'oeil, n'attira mon attention que maintenant. C'était un flic et il portait un uniforme... de flic. Je me sentais vraiment bête de ne pas avoir remarqué ça en premier. Il sirotait son thé dont la douce vapeur de menthe flottait autour de lui.
Revenant à mes cours de sociologie, je lisais consciencieusement les titres et sous-titres de mes leçons afin de classer mes feuilles volantes dans le bon ordre. Bellan, ma prof, m'avait assuré que mon trieur ressemblait plus à Bagdad qu'autre chose. Et vu l'état de mes résultats aux derniers contrôles je voulais au moins faire bonne impression sur la tenue de mes notes de cours. Bien que je ne la porte pas dans mon coeur, Bellan restait ma prof principale et la plupart de mes appréciations reposaient sur ses dits --' Or, elle non plus ne m'appréciait pas tellement...
Je poussais un long soupir face à la tâche qui m'attendais. Je pris une gorgée de café fumant pour me donner du courage & prenant un stylo plume, je commençais à numéroter les pages en bas de chaque feuille, quand une voix grave me coupa dans mon élan :

« Socio Economie ? Vous faites quoi comme études ? »

C'était le flic qui venait de parler. J'étais surprise et en même temps amusée que quelqu'un ose m'adresser la parole sous mon accoutrement. De plus, de la part -je dois l'avouer- d'un homme plutôt plaisant. Rassemblant les feuilles que je venais de numéroter je me tournais vers lui.

« Je fais des études de sociologie. Mais pas d'économie en particulier. Les objets de recherche sont très variés puisqu'on s'intéresse à la fois au travail, à la famille, aux médias, aux rapports de genre, bref, à l'environnement humain*. Donc oui en partie à l'économie si vous voulez. »

Waw ! J'avais débiter une longue phrase et qui plus est à un inconnu. Et qui plus est encore à un flic. Parfois, je m'étonnais moi même. Ludwig, que j'avais attaché au pied de la chaise, grognait étrangement face à l'inconnu. Je lui jetait un regard noir qui se voulait ferme et voulant lui dire de se taire. Se roulant en boule sous mes pieds il se tût observant tout de même avec attention l'argousin. Je repris la conversation.

« A vous, je ne vous demande pas votre métier, mais je suppose que vous avez un nom ? Au fait, c'est comment dans votre milieu ? »

J'étais plutôt curieuse de savoir comment se passait la journée d'un flic. Je me doutais bien que ça ne devait pas être aussi pationnant que dans les séries télévisées mais je m'attendais tout de même à une vie assez mouvementée. Je repris quelques gorgées de mon breuvage sous le regard du policier.

* Merci Wikipédia xD

Gabriel hocha simplement la tête à la réponse de la jeune femme, qui semblait plutôt contente qu'il lui adresse la parole. Lui, ça ne l'enchantait pas vraiment, mais dans ces circonstances, il pouvait bien faire un effort, c'était la moindre des choses. Donc oui, socio économie. Visiblement elle ne se dirigeait pas vers une carrière d'avocate, mais vers autre chose. Peut-être de la politique ? Il la jaugea un instant. Mouais non, dès que les hommes d'affaires la verraient, ils feraient n'importe quoi pour qu'elle parte le plus vite possible. Parce que c'était comme ça, en politique, il faut être exactement comme les autres veuillent que l'on soit. Bref. Et maintenant elle lui demandait son nom, et en quoi consistait son boulot. Il ne put réprimer un léger rire, qui s'estompa aussi rapidement qu'il avait commencé. Elle risquait d'être déçue, son travail n'avait rien d'exceptionnel. Quand à son nom, il hésitait un peu à le lui dire. Si elle avait été un chat ou un traqueur, il n'aurait pas répondu et serait parti vite fait. Moins on le connaissait, mieux ça valait, quand on est un Bêta aux pensées et pensées ambitieuses, ne s'entendant pas le moins du monde avec l'Alpha. Ici c'était une simple humaine, il ne risquait pas grand chose. Après avoir analysé la situation, il se décida enfin à répondre.

« Gabriel Gray. Ravi. »

Ou pas. Il ne s'était pas encore fait une réelle opinion de cette fille. Il serait ravi à partir du moment où il considérerait qu'elle correspondait à ses critères. Critères dont je ne vous dirai rien, mwaha. Vous les découvrirez bien un jour, mais pas maintenant. Quoi que si vous êtes intelligents, vous ne devriez pas avoir trop de mal à les trouver. M'enfin bon, fin du semi hors sujet. Le flic bu une gorgée de son thé, jeta un oeil au café de l'étudiante qui puait un max - pour lui en tout cas - et rajouta avec une légère grimace :

« J'attend dans ma voiture qu'il se passe quelque chose. Ce qui n'arrive pratiquement jamais, alors je distribue des PVs. C'est terriblement passionant. »

Tout à fait le contraire de son boulot en dehors du métier de policier , autrement dit la traque. Ca s'était amusant. Merveilleusement passionant. s'il pouvait faire de la traque son métier - ce qui était impossible - croyez-moi, il serait presque l'homme le plus heureux du monde. Oui, presque. Il restait encore le problème Lyra et tout ses toutous qui lui obéissait au doigt et à l'oeil, ainsi que les deux autres Bêtas, qui devenait franchement agaçants. Il n'avait pas remarquer qu'il avait sorti son couteau de sa poche et qu'il le tournait et retournait dans ses mains, sous le comptoir. Quand il sortit de ses pensées et le remarqua, il s'empressa de le remettre à sa place. Hum. Il ne l'avait pas lavé depuis le dernier chat qu'il avait tué, restait plus qu'à espérer que l'autre humaine ne l'avait pas vu, et que si c'était le cas, elle ne se pose pas trop de questions. Alors, changeons de sujet, vite, vite, vite.

« Et quel est votre nom à vous ? »

Il ne laissait rien paraitre au doute qui l'abritait. Le seul problème, c'était que si elle se posait des questions, soit il devrait se débarasser d'elle, soit faire en sorte qu'elle ne dise rien à personne, sans quoi il la retrouverait. La lame s'enfoncerait, et le problème serait règlé.

J'écoutais d'une oreille sa réponse, commandant à nouveau un autre café. Quelques secondes plus tard je me retrouvais avec une tasse fumante entre les doigts. L'odeur du café me tira un sourire. Le café était la seule boisson que je savourais avec plaisir. Fort, bien noir & sans sucre. Voilà ce qu'étais un Bon café pour moi. Je me perdis quelques temps dans les vapeurs caféinées puis revînt à la réalité lorsque le flic se présentait. Gabriel... Il s'appelait Gabriel. Dans la religion, Gabriel était un archange et il signifiait "force de Dieu". Mais trêve d'égarement.
J'hochais ostensiblement la tête à sa réponse, abordant un sourire lorsqu'il me raconta son boulot. D'ailleurs, il semblait penser à autre chose lorsqu'il évoqua son métier.

« Je me doute. » Lançais-je.

En fait, je ne me doutais pas du tout. Vu que je n'y connaissais strictement rien à son boulot. Mais c'était histoire de. Prenant une gorgée de mon breuvage, je l'observais. Les mains sous le comptoir, il semblait manier un objet mais je ne pu voir ce qu'il en était car il s'empressa de le ranger dans sa poche, me jetant un regard à la dérobé. Je m'interrogeais mentalement sur la cause de sa précipitation. En tout cas, il n'avait pas l'air d'avoir envie que je découvre ce que c'était. Je jetais un bref coup d'oeil à Ludwig qui était toujours couché sous la chaise quand la voix de Gabriel retentit de nouveau :

« Et quel est votre nom à vous ? »

Avalant une goulée de liquide noir, je le reportais mon regard sur lui tout en lui répondant.

« Je m'appelle Jame. James Bond. Lou. Lou Wells. »

Je sortie une clope, m'apprêtant à l'allumer, quand la serveuse du bar me rappela que fumer dans dans l'enceinte du café était formellement interdit. Elle partie, me jetant un regard noir et s'assurant que je rangeais bien ma cigarette dans son étui. Fronçant les sourcils, j'affichais une mine boudeuse. Pour moi, le café et la cigarette étaient deux éléments qui s'associaient à merveille et dont je raffolais.

« Tsss, cette nouvelle manie d'interdir la cigarette dans ce café me rend dingue. Avouais-je. Enfin, vous vous fumez ? »

Question quelque peu sans intérêt mais étant de nature curieuse, tout m'intéressais et j'éprouvais de la satisfaction à savoir des choses sans importance sur les personnes que je rencontrais.





(( Un peu court, mais j'ai peur que mon ordinateur s'éteigne >.<' ))