La ville. Bon dieu ce qu'il ne pouvait pas supporter la ville. Et encore plus le centre ville. Tout le monde se presse pour arriver le premier dans les magasins, aux caisses ou encore passer la porte du métro. C'est bruyant, animé, et terriblement chiant. En tout cas, telle était la pensée de Gabriel qui - oh exploit - s'était enfin avoué qu'il devrait bien un jour aller faire les magasins pour remplir son armoire. Il avait déchiré son dernier jean la semaine passée. enfin ce n'était pas vraiment lui, s'était plutôt le chien avec qui il partagait son appartement, le coupable. Un chien peu certes être très sage et bien dressé, on ne l'empêche pas de jouer avec sa baballe quand l'envie lui prend. Sauf que quand la baballe est sous le beau jean de notre flic préféré, bah le toutou, au lieu de passer le museau sous le vêtement, a préféré mordiller la balle à travers le tissu. C'est qui qui disait que les chiens étaient intelligents ? On gros, il avait pris la décision de se rendre en ville afin d'acheter de nouveaux jeans. Son pantalon noir n'étant pas vraiment conseillé pour la saison d'hiver.

Il pénétra dans un magasin mixte - pour hommes et femmes, en gros - et se dirigea la tête coincée entre les épaules au rayon pantalons. Ce qu'il pouvait détester d'être si proche de gens, bon dieu. Il se faisait discret, se faufilait entre les gens tout en n'attirant pas l'attention. Pas besoin que tout le monde soit au courant de sa présence de le magasin qui était assez peuplé pour le moment, d'ailleurs. Il trouva rapidement deux jeans qui lui plaisait, avec lui, plus vite c'est fait mieux ça vaut. En tout cas au niveau du shopping. N'empêche qu'il s'attarda aux vestes et tee-shirt. Gabriel repéra un long manteau noir plutôt pas mal, semblable à celui qu'il portait en cet instant. Il ne put que se promettre que quand l'actuel serait inutilisable, il acheterait celui-là en prenant soin de ne pas venir un jour comme celui-ci, c'est-à-dire ave cun monde de malade. En ce qui concerne les tee-shirts, il s'en pris un blanc, simple. ne commencons pas dans le compliqué, merci bien.

Direction les caisses, enfin. Le Bêta n'attendait plus que ça, autrement dit se casser vite fait d'ici. sauf que quand on est pressé, on se dépêche, et quand on se dépêche on a tendance à ... être moins attentif à ce qui se passe autour de nous. Donc, en se dirigeant vers les caisses, en passant près des casquettes, Gabriel ne put s'empêcher d'y jeté un oeil tout en continuant son chemin. Eh merde. C'était vraiment pas ce qu'il fallait faire. ET PAM. Percuté par quelqu'un qui comme lui, n'avait pas regarder où il allait. Ahem, manquait plus que ça.

Prof de sociologie absente. Sale journée.

Je quittai l’université en coup de vent, excédée par le manque de rigueur de nos professeurs qui nous assenaient pourtant à longueur de journée que nous devions être « rigoureux, ponctuels et assidus ». Tu peux parler ouais ! Me faufilant entre les élèves, je laissai mon attention vadrouiller tout autour de moi pour ne pas tomber sur une meute de félins qui me ferait la peau. Grand retour de la paranoïa que je partageais avec ma sœur jumelle, youpi quelle joie. Ressaisis-toi, Lyra. Aucun félin ne va te faire la peau puisqu’aucun félin ne peut détecter ton aura, subtilement cachée par ton pouvoir. Et de plus, même s’ils l’avaient su, aucun félin n’aurait été assez fou pour m’approcher, puisqu’en tant qu’Alpha je pouvais tous les réduire en bouillie très fine et très molle, façon dragées Fuca. Très poétique, ça, j’avoue. Me rendant directement chez moi, je me changeai très rapidement après avoir fait une caresse au chien qui me faisait fête, heureux de mon retour, et au chat plus réservé qui s’approchait de moi d’un air engourdi. Levant mon regard vers le tableau, je lus que ma jumelle était partie faire un tournage il y a deux heures et qu’elle ne rentrerait que ce soir, tard. Bon, eh bien autant m’occuper alors. Je me changeai donc en vitesse, enlevant les habits simples que je portais pour prendre une douche, et me rhabiller avec des fringues simples, ni amples ni moulants, mais confortables. Sortant de la chambre, j’attrapai ma veste posée sur une chaise et l’enfilai rapidement, me disant que tiens, et si j’allais en ville ?

Sortant de chez moi, je pris la direction du centre-ville, avant de me rappeler que c’était le plein boum des soldes. Oh non, eh mince, il y aurait encore un paquet de monde. Bon tant pis, tant qu’à faire, pourquoi ne pas se caler dans un café et attendre patiemment la fin de la journée ? Excellente idée. Sur mon chemin, certaines personnes se retournaient, reconnaissant sans doute l’actrice de telle ou telle marque. J’accélérai sensiblement l’allure, n’ayant pas envie d’être ralentie par des badauds curieux. Ayant l’impression que l’on me dévisageait un peu trop à mon goût, je m’engouffrai dans un magasin de bas. Oh, sympathique le jean là-bas ! Après avoir vadrouillé un peu dans le magasin en esquivant la populace, je réussis à dénicher quelques habits sympathiques qui rejoignirent ma garde-robe après que je les eu payés. C’est-à-dire après avoir subi sans broncher la demi-heure de queue règlementaire du jour des soldes. Ah, je hais les soldes. Au moment où je sortis, je fus prise d’une impression bizarre, qui me monta à la gorge aussi rapidement qu’un élément allergique. Un chat, non, plusieurs chats se trouvaient ici. Faisant comme si de rien n’étais, je quittai les lieux pour partir dans une direction au hasard, et j’eus la surprise de voir deux adolescents appuyés contre un arbre se lever pour me suivre. Et la sensation féline se fit plus forte.

Il n’en fallut pas plus pour attiser ma paranoïa excessive. Qui étaient-ils ? Rebuts ou Sectes ? Comment savaient-ils que j’étais une Traqueuse alors que mon grade me protégeait ? Peut-être ne fonctionnait-il plus, auquel cas ils m’avaient senti, comme ils pouvaient sentir ma sœur. Comme n’importe quel Traqueur devenait capable de la sentir. Mon sang se glaça, et je m’assenai une baffe mentale. Du calme ma fille. Peut-être y a-t-il bien un chat ici, qui te suit sans le savoir. Et les deux ados ne sont attirés que par ton physique avenant et ta petite taille qui te fais passer pour faible et fragile, bien que ce soit faux. Je me repris et continuai ma route, faisant comme si je n’avais rien senti. Rien vu. Enfin, rien vu et rien senti, quoi. Allez, jouons l’innocente qui fait les soldes. Je flânai devant de nombreux magasins, et pus remarquer que oui, ils me suivaient bien, et que l’odeur était toujours aussi prégnante. M’arrêtant devant un magasin, j’eus la surprise d’y voir passer Gabriel, ce Bêta qui ne me supportait pas. Génial ! Je rentrai dans le magasin, suivie peu après des deux adolescents, et après un crochet, je fis mine de tourner la tête et percutai de plein fouet le policier qui n’avait pas l’air super heureux d’être ici.

« Mais vous ne pouvez pas regarder où vous allez ?! Oh, tiens, souris-je, salut Gabriel ! Toi aussi tu fais les soldes ? Attends, je vais t’aider. »

Sans lui laisser le choix, je me penchai pour lui tendre la main et d’un échange de regard, lui demandai de la prendre. Il le fit et quand il passa à ma portée, je murmurai très rapidement :

« Chats. Tu les sens ? »

Il se remit debout, et force me fut de constater qu’il était grand. Je lui souris d’un air engageant, et lui montrai d’un coup de tête discret les deux ados qui, légèrement refroidis par la carrure de mon interlocuteur, prenaient difficilement le large. Difficilement ? Bah oui, vous avez vu le monde de fou dans ce magasin ?

Eeeet ... Re PAM. Après le choc du corps contre corps, le choc du cul contre sol. C'était vraiment pas, alors là vraiment pas, son jour de chance. Gabriel avait beau être intolérable, il savait reconnaître ses erreurs. Dans le cas présent, il n'avait pas regarder devant lui, résultat il en payait les conséquences. Sauf que ce à quoi il ne s'attendait pas non plus, c'est que la personne qui venait de le faire tomber par terre comme un con était Lyra, Alpha des Traqueurs et la femme qu'il détestait le plus au monde. Plus de doute, il portait le poisse, le pauvre.

« Mais vous ne pouvez pas regarder où vous allez ?! Oh, tiens, dit-elle, salut Gabriel ! Toi aussi tu fais les soldes ? Attends, je vais t’aider. »
« Salut. »

Que de joie et de bonne humeur dans ce simple mot, rolàlà, on a tous envie de se dire bonjour et d'être joyeux. Et non, vive la froideur. Elle se pencha en tendant la main. Keuf, keuf, je suis vraiment obligé ? Bah ouais mon gars, à moins que tu ne veuilles rester assis là, avec tout les gens que tu évites tant qui te fixent avec un sourire amusé ou moqueur. Gabriel s'empara donc de ses achats étalés à côté de lui avant de - vraiment à contre coeur - saisir la main de le jeune femme et d'ainsi se relever. Ca s'était vraiment la honte pour lui qui détestait temps cette fille, coup dur pour son ego'. Juste à ce moment, elle lui glissa quelques mots à l'oreille. Chats. Avec tout ces humains insignifiants, il n'avait pas repéré jusqu'à maintenant cette forte odeur de chat. mais avec un peu de concentration ... oui, ils étaient là. Le flic fronça les sourcils. Ce que l'Alpha venait de faire, était-ce une demande d'aide ? Cette pensée l'amusa un peu, mais il n'y laissa rien paraître - hors de question de se montrer ravi de quoi que ce soit en sa présence - et se contenta d'hocher la tête, toujours avec ce regard sombre, froid, évidement peu ravi d'être si proche de Lyra. Pour lui, cinquante centimètres d'espace n'était pas du tout assez. Ce qui lui aurait vraiment, mais alors vraiment plu, ça aurait été d'être éloignée d'elle de cinq cent kilomètres, ou même qu'elle ne soit tout simplement pas là. Ouh que de vilaines pensées.

Des chats. Son couteau de poche se trouvant ... dans sa poche, le démangeait. Il ne pu s'empêcher de plonger la main dans celle-ci et de tripoter son précieux objet. Sauf que, hors de question de se faire un chat en lieu public. Que c'était dommage. Le Bêta reporta son regard sombre vers celui de l'Alpha. Fichue proximité, bien trop proche pour lui, grumpf. Il la fixa ainsi un court moment avant de tourner la tête vers les deux ados qu'elle lui indiqua du regard. Des mômes. Facile à attraper car peu prudents, mais rapides. Comptons deux jours si pas moins pour les attraper tout les deux. Un légezr sourire étira son visage quand il constata que l'expression des deux chatons perdait de leur assurance au fur et à mesure que leur regard le détaillait. Ca s'était vachement flatteur, huhu. Sauf qu'il en avait pas grand chose à foutre, sinon d'éprouver un sentiment de supériorité très agréable.

« Et tu veux que je fasse quoi ? Tu as besoin d'aides pour deux chatons qui veulent faire les malins ? Waw, la grande Alpha est courageuse. Peu importe, de toute façon pourquoi je devrais t'apporter mon aide ? Ca ne m'apportera rien. »

Lâcha-t-il avec toujours cette voix froide, tout en ne détachant pas son regard des deux chats qui n'avaient toujours pas bougés mais continuaient de leur lancer des regards hésitants. Ils ne semblaient plus trop savoir quoi faire depuis que Gabriel national était entré dans le jeu. Il devait bien s'avouer qu'une petite Traque le tentait. Dilemne.

« Quoi que j'ai bien envie de me les faire. »

Ah meeerde alors, c'était sortit tout seul.

Oh, mais ce type est tellement gentil, agréable, chaleureux, sympathique, comment dire, un amour quoi ! Après un salut des plus enthousiastes – mais moi aussi je suis super heureuse de tomber sur toi, raclure ! – il daigna enfin prendre ma main sans tenter de me la zigouiller au passage. Comme c’est mignon, ça change de toi ça ! Alors qu’il se relevait, je lui murmurai le mot chats à l’oreille, et il changea du tout au tout. Il s’éclaira. Ah, sale brute, tu ne vis que pour la traque, hein. Je le vis porter sa main à sa poche, certainement vers son couteau. Pauvre type. Je retins d’extrême justesse un soupir dédaigneux, et ne bronchai pas lorsqu’il m’envoya paître sans tact. Alors, sur un barème de zéro à vingt ... Quatre. Et demi, mais vraiment parce que c’est toi. Remettant mon sac à mon épaule, je repris la parole pour l’envoyer paître, bien décidée à ne pas me laisser marcher dessus par un connard de son acabit. Débile, teigneux, méchant, mauvais, raciste, xénophobe, homophobe, et certainement macho.

« Si, ça t’apportera quelque chose, ironisai-je avec cynisme. Une jolie petite couche de superflu sur ton alter ego surdimensionné. L’impression que tout le monde a besoin de ton aide, ah et j’allais oublier, clamai-je en levant un doigt, tu vas pouvoir te payer une grosse boucherie comme tu les aime. »

Pan dans les dents. Baissant la main, je continuai ma petite diatribe.

« De toute manière le problème est clos puisque je ne requérais pas ton aide, mentis-je éhonteusement, mais aucune raison pour qu’il l’apprenne. Je faisais les soldes, tout comme toi ce me semble. Avec cette foutue populace, je suis rentrée dans quelqu’un, pas de bol toi, et c’est là que j’ai senti ces adorables boules de poil qui sont en train de se tailler le large. Si tu la veux ta boucherie, c’est maintenant. »

Tenterais-je de m’interposer ? Bah et puis quoi encore, ça ne va pas la tête, je tiens à ma vie moi. Et puis de toute manière, quand on est débile au point de ne pas pouvoir se contrôler et suivre le premier Traqueur qui passe, il vaut mieux mourir, pour la survie de l’espèce. Je ne pus retenir un léger sourire, même pas moqueur attention, quand Gabriel argua avoir envie de se les faire. Pas plus tard que maintenant. Mon sourire disparut bien vite et je haussai les épaules, lui montrant le peu de cas que j’accordais à son intervention. De toute manière j’avais enregistré leurs têtes, si Gabriel les épargnait, je m’occupais rapidement de leurs cas s’ils étaient réellement des félins. Et vite, avant qu’ils ne se retournent contre ma jumelle. Me désintéressant des chatons, je posai mon regard sur les acquisitions de mon interlocuteur. Oh, que vois-je ?

« Tu ne devrais pas prendre ce tee-shirt, il y a un trou. Tout petit certes, mais en même pas deux jours, tu l’auras réduit à l’état de fil, et impossible de te le faire rembourser. Ce qui est con puisqu’il n’est pas soldé. »

Mais, et pourquoi je l’aidais moi ?! J’étais malade ou quoi ?! Mais bon, à avoir commencé, autant terminer. Je lui montrai un tee-shirt blanc cassé qui pendouillait, où un magnifique -25% était affiché.

« Prends lui, plutôt. Avec le cassage des soldes, il te revient moins cher que celui que tu as dans les mains en plus. »

Sinon ça va toi ? La vie, l’amour, ton connard de frangin, tout ça ? xD.

De un, il n'aimait pas faire de ses traques de vraies séances d'horreur, juste s'amuser un peu, de deux il n'avait pas l'impression que tout le monde avait besoin de son aide, et de trois il devait bien s'avouer que son ego avait une grosse place dans son coeur. Non mais tu fais quoi, là, Gabriel ? Vas-y, fous-lui un beau coup de poing dans la gueule qu'elle se la ferme deux secondes et qu'elle te foute la paix, pour une fois. Sauf que non, frapper une femme - excepter les chattes - n'était pas dans ses habitudes. Croyez-moi, sa main le démangeait affreusement, mais inutile d'attirer l'attention. Règlons tout ça son effusion de sang, je vous en prie. Il avait bien envie de lui rabattre son caquet insupportable, et il n'en s'en priverait pas. Il fixa un instant le doigt qui s'était levé devant son nez, avant d'hausser un sourcil. Il n'était vraiment pas convaincu par ce que dit Lyra juste après s'être énervée sur lui - attention, il ne comptait pas l'oublier. Elle ne souhaitait pas juste un peu son aide ? Disons plutôt qu'elle ne voulait pas se l'avouer, ha. Fort était de lui faire croire qu'elle n'avait pas fait au moins un tout petit peu exrpès de le percuter jusqu'à ce qu'il se retrouve le cul au sol. Il avait vraiment beaucoup de mal à le croire.

« Tout d'abord, tu vas sortir de ton ptit cerveau que j'aime les boucheries. Ensuite, j'ai peut-être un ego surdimensionné, je n'ai pas honte de l'avouer, mais toi je remarque de jour en jour que tu fonces beaucoup trop tête baissée et que, surtout, tu es beaucoup trop sûre de toi. C'est con, ces défauts-là prennent toute la place chez toi. »

Et hop, un joli sourire - oui, Gabriel sait sourire, sans blague - à vous de déterminer s'il était sincère ou moqueur, lui ça ne changeait pas sa façon de penser.

« Et je ne faisais pas les soldes, d'abord. »

Il ne détacha pas son regard sombre de celui de l'Alpha. Jamais il ne baisserait le regard face à qui que ce soit, et certainement pas cette fille-là précisément, naméo. Le flic jeta un rapide coup d'oeil aux chats. Il ne s'en occuperait pas maintenant, mais il enregistra bien leur visage au cas où ils s'enfuiraient. ... Hein ?! Elle venait de faire quoi, là ? o.o En plus de le frustrer, parce qu'elle avait vu le trou et pas lui - elle l'aidait dans ses achats ? Wow, du jamais vu. Un exploit. les générations futures se le raconterait pendant longtemps, huhu. Lyra Raven conseillant Gabriel Gray, eux deux ne pouvant pas se supporter mutuellement, dans l'achat de son tee-shirt. Yahou. Incroyable, extraordinaire, magnifique, génial ... et surtout très chiant. Il était censé répondre quoi à ça ? " Oh merci t'es trop géniale je t'aime, oh merci, oh merciii ? " Non, ça le faisait pas. Aussi opta-t-il pour le rapide et le froid, comme à sa merveilleuse habitude. Il redéposa le tee-shirt et s'empara de celui qu'elle lui conseillait - c'était vrai qu'il lui irait mieux et lui couterait moins, en plus.

« Merci. »

OH MON DIEU. Gabriel a dit merci. Il a dit merci. C'est trop émouvant, je vais pleurer, rolàlà, quel acte de courage ! Pour lui s'en était un, ouais. Non mais mettez-vous à sa place. Imaginez-vous que la personne que vous détestez le plus vous conseille, et que vous lui dites merci, alors que vous êtes quelqu'un de distant et associable. Ca relève du miracle. Non ?

« T'aurais pas changer de coupe de cheveux ? Non parce que sérieux, celle-là est hideuse. »

Ah bah que voulez-vous, la " bonne entente " - si on peut appeller ça comme ça - entre ces deux-là, ça ne dure jamais très longtemps. Enfin bon, à la base ils sont tout les deux très intelligents, juste, quand ils sont ensemble, ils deviennent plutôt des gamins chamailleurs avec un minimum de bon sens 8D

Ah, la main qui tremble. Signe révélateur qu’il avait envie de me mettre un gros coup de poing. Mais qu’il se retiendrait, non pas parce que je suis son chef, mais simplement parce que je suis une fille et qu’en plus il y a des gens. Il me laissa finir ma diatribe sans broncher avant de reprendre à son tour la parole, et m’attaqua sur mes propres défauts tout en arguant qu’il n’aimait pas les boucheries. Et la marmotte ... Fait du bon chocolat. Je le laissai parler à son tour, ne lui faisant même pas le plaisir de broncher, et dès qu’il eut fini je plaiçai une autre pique d’une voix calme et légèrement malicieuse.

« Ce défaut-là m’a l’air dérisoire à côté des tiens. Je préfère foncer tête baissée et être une tête brûlée plutôt que d’être obtuse, homophobe, intolérante et nombriliste. »

Allez stop le bouffage de gueule là, ça ne va plus ! Je répondis à son sourire par un sourire, et bien évidemment le duel était destiné à se prolonger. Evidemment, puisque ni lui ni moi n’étions prêts à enterrer la hache de guerre. Pensez-vous ! Gabriel me reprochait le fait d’être une mauvaise Alpha, d’être trop douce, sans autorité aucune, et moi je lui reprochais le fait d’être un extrémiste affirmé, qui avait suivi ma sœur en plus, pour voir si nous n’avions rien à cacher. Il s’en était fallu de très peu qu’Amy ne lâche le morceau, à cause de la pression monstre que ce sale con lui avait fait subir. Bref. L’homme me dit ensuite ne pas faire les soldes. Oui, et alors, je m’en fous de ta vie mon chéri. Nous tournâmes d’un bel ensemble la tête vers les deux chats, alors je baissai rapidement la mienne pour regarder les achats du Bêta, et lui faire poliment remarquer qu’il avait un trou dans son tee-shirt blanc et qu’un autre siérait mieux à son teint.

Et là, le miracle fut. Gabriel me remercia ! Alléluia ! Bon, d’accord, c’est un petit merci lâché d’un ton froid et bien à contrecœur, mais ça reste quand même un merci, hein. Je ne dis rien, et le regardai aller changer son tee-shirt contre un autre que je venais de lui montrer. Alors qu’il partait, les deux adolescents en profitèrent pour se faire la malle, mais tant pis pour eux, j’avais enregistré leurs têtes dans le disque dur me servant de mémoire, ils étaient morts en sursis puisqu’il était hors de question que je laisse deux félins se balader comme ça en sachant qui j’étais, et qu’ils pouvaient par la suite remonter la piste jusqu’à ma sœur jumelle, et lui faire la peau. Auquel cas je rentrerais dans une colère folle, et j’irais dégommer tous les chats sans exception aucune, avant de régler leurs comptes à tous les Traqueurs, qu’ils soient mes amis ou mes ennemis. Je fus tirée de mes pensées par Gabriel qui revenait avec une phrase très gentille à mon intention. Heiiiin, mes cheveux è_é ?!

« Elle est peut-être hideuse, mais elle me permet de gagner dix fois ton salaire mensuel en un seul jour. Pauvre dégénéré. »

Mais, pourquoi je lui avais répondu ?!

« Et t’as pas vu la tienne, ça fait balai à toilettes, on dirait que tu t’es coiffé avec un gros pétard ... Voire pas coiffé du tout. Mais si, regarde dans la glace, là. »

Je lui montrai la glace du doigt, attrapant au passage une de mes mèches de cheveux contestées de sa personne. Rahlala, mais nous deux ensemble, on dirait deux morveux dans une cour de récréation, niveau maternelle.

Ahah. Maintenant c'était elle qui citait ses défauts, quoi que pour lui ça n'en était pas vraiment, cependant il ne répondit pas à son attaque, préférant lever les yeux au ciel avec innocence. Le temps que j'aille chercher le tee-shirt qu'elle me conseillait - qu'est-ce qui lui avait pris d'ailleurs ? - les deux mômes chats s'étaient cassés. Bonne décision, vous vivrez juste un tout petit peu plus longtemps que prévu, petits imbéciles. Et juste après, il prit grand plaisir à lâcher à l'intention de l'Alpha une remarque sur ses cheveux. Le pire c'était qu'il était sincère. Il trouvait vraiment cette coupe de cheveux horrible. Chacun ses goûts, direz-vous, mais pour Gabriel, il n'y a presque que les siens qui importent. Bref. Évidement, elle ne pu pas se retenir de répondre. Elle me sortit que sa coupe lui faisait gagner plus d'argent que lui en moins de temps, et elle avait raison, en plus. Son salaire n'était guère satisfaisant. Ah aussi, elle ajouta qu'il était un dégénéré. Nan mais regarde-toi avant de parler é.è

« Je préfère gagner moins avec un physique qui me plait plutôt que de gagner plus avec ... Ahem. »

Il fixa avec insistance le crâne de Lyra, c'était fait exprès bien sur. Quels gamins ces deux-là, on se croirait avec deux gosses de 1ère primaire. Et bien sûr, ce n'était pas près d'être fini. Elle critiqua ses cheveux, les siens, ses beaux cheveux noirs en bataille, naméo mais c'est quoi ça ?! Grumpf, pas touche à ses cheveux petite morveuse. Il le prit très mal, le Bêta, mais n'en laissa rien paraître et ne tourna pas la tête vers la glace qu'elle lui indiquait. Nan mais elle croyait quoi celle-là ? Maintenant il avait bien envie de se passer une main dans les cheveux, huhu.

« Mes cheveux sont très bien comme ça. Ca rend bien et ça me plait, c'est tout ce qui compte. Je prend soin de mes cheveux. Toi par contre, on dirait vraiment que t'étais en retard ce matin et qui tu les as attachés en vitesse. Mais si, regarde dans la glace, là. »

Et il désigna du doigt la même glace qu'elle quelques minutes avant, avec un sourire forcé quand même trop sexy. Non mais comment pouvait-elle dire que sa coupe ressemblait à un balai à toilettes ? N'importe quoi. dans sa poche son gsm vibra. C'était quoi ça, maintenant ? Il s'en empara et ouvrit. Rah, c'était son gros con de frère. Gabriel lâcha un soupir exaspéré en lisant le message. " Tu px vnir me rcher, bagnole pt poteau. " Et puis merde hein, en plus d'être un con fini, il pouvait pas s'empêcher de dépasser les limites de vitesse et évidement ça finissait toujours mal. La deuxième voiture en un mois. Cette fois le paternel n'en offrirait pas une autre à l'autre imbécile. La réponse fut simple et rapide : " NON " Avec un air satisfait, il replongea le portable dans la poche de sa veste pour reposer le regard sur le visage de l'Alpha. Hum, où en étions-nous déjà ?

Quel môme. Regardez-le faire sa petite crise sur ma coupe de cheveux. En fait, pour être sincère, ce qu’il pouvait penser de moi ne m’atteignait pas du tout, et son avis sur ma chevelure, je n’en avais strictement rien à faire. Elle ne te plaît pas, ma coupe ? Va voir ailleurs si j’y suis, nazillon de mes deux. Je haussai les yeux au ciel en lâchant un soupir d’ennui profond, et retint de peu un ricanement quand il reprit mot pour mot mon expression précédente, regarde-toi dans la glace juste là. Quoi ! Etait-il si fatigué qu’il me recopiait, moi, l’être infect qui pourrissait sa vie et qui l’empêchait d’accéder au haut commandement ? Moi, la morveuse de vingt ans qui était le poison de son existence car de naissance supérieure à la sienne ? Un sifflement méprisant m’échappa avant que je ne reprenne la parole.


« Eh bah. T’es tellement fatigué que tu me reprends mes expressions ? Cela dit, je n’en attendais pas moins de toi. Tu as du la chercher longtemps celle-là, maintenant le vide séparant tes deux oreilles doit se reposer un peu. »

Pauvre con. Il me lâcha du regard quand son téléphone vibra, le sortit pour envoyer une réponse, et je n’eus que le temps de regarder le receveur. Son crétin de frère, bien sûr. Ah, comment avais-je pu sortir avec ce débris ? Il embrasse très mal et il est aussi bien coiffé que son frangin, c’est dire que mes goûts devaient être forts mauvais. Tandis que maintenant ... Ah, William. Grand, musclé et beau, avec une intelligence redoutable mêlé à un humour tout aussi ironique que le mien, une gentillesse à en faire fondre le Pôle Nord, une timidité le rendant tellement mignon, et qu’est-ce qu’il est beau en plus ! Blond brun avec ses yeux pairs, le rêve de toutes les filles, mon rêve à moi aussi. Ca tombe bien puisqu’il était lui-même amoureux de moi. Le seul problème ... Son humanité ! Je ne pouvais pas me payer le luxe de sortir avec un humain qui ressentait l’animalité des gens avec autant de force, et une précision à toute épreuve. J’étais en danger avec lui, tout autant que je le mettais en danger. Je devais donc le traiter avec un mépris aussi froid que distant, ce qui ne m’enchantait pas du tout. Ah, c’est dur l’amour. Hm, où en étions-nous ? Il reposa son regard sur moi au moment précis où une vieille femme me tapotait doucement l’épaule. Je me retournai donc pour lui faire un sourire agréable.


« Oui ? »
« Excusez-moi, mademoiselle, mais êtes-vous dans la file ? »
« Du tout. Allez-y, madame. »

Après un remerciement, la vieille dame me contourna pour prendre sa place dans la longue file d’attente avant le paiement, grillant du même coup la place de Gabriel. Oh que c’est moche ce que je viens de faire. Niark niark. Je me retournai, impassible, pour fixer le flic qui avait l’air vachement blasé. Allez, coupons-lui les pâquerettes sous ses sales pattes de gros loup nazi, et basta.


« Bon. Si tu n’as rien d’autre à me faire part, je vais m’en aller. Non pas que je m’ennuie mais j’ai des choses à faire. »

Ouhla, le remboîtage tout en beauté. Là, en deux-deux, je venais de le traiter comme un inférieur, ce qu’il n’allait pas apprécier. Tant pis pour sa gueule, de toute manière je ne l’apprécie pas non plus.